mardi 23 février 2016

Quelques nouvelles...




Je me dois d'un message pour toi, toi qui a eut l'amabilité de t'arrêter quelques minutes ou plus sur mon blog.
Cela fait maintenant un mois que je n'ai pas publié d'article. Ma dernière chronique (à découvrir par ici : noir foncé) s'inscrivait comme l'épisode 3 d'une journée hardcore dans mon service. Même si je n'en ai eu que peu de retours, j'ai bien aimé cette chronique pour laquelle j'ai tenté d'être la plus sincère possible.

Mais là n'est pas l'objet de ce message. 

Ce mois de stand-by donc, va se poursuivre encore quelques mois au moins. C'est dur car je prends beaucoup de plaisir à tenir ce blog, mais cette décision s'impose à moi. Ce message n'est en fait que l'officialisation d'un état de fait: ce blog est en mode pause.

Mais pas en mode arrêt, car disait l'autre "i will be back"

Juste une petite explication sur le pourquoi du comment: je suis obligée de faire des choix. Je suis des cours actuellement à l'université Paris Diderot et je dois comme toute bonne étudiante rendre un mémoire à la fin de cette année scolaire. Rédaction, rédaction, rédaction. Oui comme j'aime faire les choses à fond, je consacre aujourd'hui beaucoup de mon temps libre à ce mémoire. Ajoutons à cela une vie déjà extrêmement bien remplie (travail et vie de famille) et vous comprendrez mon dilemme de petite provinciale qui navigue aujourd'hui entre campagne et Paname...

Et c'est justement par ce que j'aime faire les choses à fond que je ne peux poursuivre dans l'immédiat ce blog. Le faire en dilettante, c'est définitivement pas mon truc.

Alors voilà, j'ai encore un paquet de chroniques, d'articles, de critiques et de coups de gueule dans mes brouillons... On déballera tout ça, à la rentrée de septembre ok?







dimanche 31 janvier 2016

# revue du web du 31 janvier 2016






1- Le billet émouvant d'un bipolaire ou plutôt d'un hypersensible, à lire sur son blog:https://laviedunbipolaire.wordpress.com/2016/01/14/melancolie-et-revolte/

2- Un autre blog, là encore très intéressant, d'une femmes souffrant de schizophrénie. http://schizonormale.blogspot.fr/

3- Bon allez je poursuis avec un autre blog que j'aime lire: http://blog-schizophrene.fr/

















vendredi 29 janvier 2016

# y'a pas que la psy - janvier 2016

Mes coups de coeur de janvier:



1- The Hateful Eight de Quentin Tarantino. Face aux critiques qui s'abattent sur son dernier film, je vous le dis, ce film s'adresse prioritairement au "true" fans du QT. Ce film est avant tout un nouvelle version de son Reservoir Dogs transposé ici dans le far-west. Un huis-clos comme une pièce de théâtre ou comme toujours chez QT on jacasse beaucoup avant de faire parler la poudre. Certains ont trouvé ce film ennuyeux car trop long et déplaisant par son sérieux et son manque d'humour et bien pas moi. Les 2h45 étaient presque trop courte, j'avais envie que cela dure encore un peu plus... Quant au manque de second degré et bien là non plus je ne suis pas d'accord. Outre la tournure grand guignol que prend le film sur sa dernière demie-heure il y a les inséparables - au sens littéraire du terme - Kurt Russel et Jennifer Jason Leigh qui forment un duo comique génial! Lui chasseur de primes limité en matière grise et elle criminelle déjantée sur laquelle pleuve les coups... Ce qui m'amène au casting: quel bonheur de retrouver ces acteurs: Tim Roth, Samuel L Jackson, Michael Madsen appartiennent depuis longtemps au crew de QT! Quant à Jennifer Jason Leigh, elle trouve ici le meilleur rôle de sa carrière. Franchement j'ignorais qu'elle avait autant de talent! Et face à tout ces hommes virils, elle impose son jeu et pousse même une magnifique petite chansonnette. La révélation de ce film est Demian Bichir qui interprète Bob le mexicain. Quel rôle et quelle voix! Car oui ce QT comme les autres doit se voir en VO pour mieux apprécier les énormes voix de Bichir et Madsen! Ah oui dernier détail si vous n'aimez pas le sang, n'entrez pas dans la salle. Mais bon si comme moi vous êtes IDE c'est que vous devez forcément aimez un peu le sang, non?



Allez au final mon point de vue sur toutes ces critiques négatives que j'ai entendu et que corrobore la note de 69/100 qu'obtient le film sur metacritic. QT est un fan de cinéma bis, de ciné de genre et c'est ce qu'il fait. Le hic c'est qu'il est trop talentueux et son cinéma qui ne devrait être vu que par des cinéphiles passionnés de "mad movies" est exposé au plus grand nombre. Mais cela n'en fait pas pour autant  un film triple A!  Ce n'est pas du ciné à Oscar mais bien de la grande série B, de luxe certes, mais de la série B. QT est un auteur (il est scénariste + réal), fait du ciné d'auteur, spectaculaire il est vrai, et à ce titre ne peut plaire à tous. Il n'empêche qu'après 8 films, on a là une oeuvre unique où chose rare à Hollywood, un réalisateur talentueux ne s'égare pas dans toute sorte de projets plus ou moins bons vendus par des studio avide de prendre du cash au détriment de l'art. QT est maître de son cinéma, il n'est pas là pour nous plaire, c'est nous qui sommes là pour l'aimer, pour nous y adapter. J'admire et j'adore, oui je suis une true fan! 

Mon seul bémol concerne l'interprétation de Walton Goggins dans le rôle de Mannix, soit disant futur shérif. Un rôle de premier plan pour un interprète qui ne l'est pas. Steve Buscemi aurait été énorme dans ce rôle... mais ça, ça restera dans mes rêves...





lundi 25 janvier 2016

# Revue du web du 24 janvier 2016




1- Politique où la montée des extrêmes chez le personnel soignant. It sucks! à lire sur cadredesanté.com:

2- Un article intéressant d'une psychologue intégrative (oulala il est pas beau ce mot) qui en bonne diplomate souhaite la paix à cette guerre interminable à laquelle se livre les analystes versus les comportementalistes... https://www.linkedin.com/pulse/jai-choisi-la-pratique-int%C3%A9grative-car-nous-ne-sommes-iris-marceau

3- j'avais zappé cet article de Libé qui dresse le portrait posthume de Jean Oury. Très bel article! 

4- Un canadien fait hospitaliser son fils contre son gré. Témoignage intéressant à lire et à écouter pour le charme de l'accent qui sent bon le sirop d'érable! 

5- une soignante ergothérapeute en souffrance qui le dit et l'écrit. 

6- la résilience via l'apéro thérapeutique et ça concerne les victimes des attentats de Paris. http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/12741992

7- "Grosse" enquête internationale sur les usages d'alcool et de drogues. 
















vendredi 22 janvier 2016

# 35 - Il fait noir, noir foncé même, avec des tâches obscures et de sombres reflets. épisode 3

@Andi Jetaime



Ultime étape de cette chronique en 3 volets. Encore une fois c'est pas la joie. Je vais pas te faire le résumé des 2 premières parties mais je t'invite à les lire ici et ici. Bonne lecture!  


Ce soir je me sens comme une merde.
J'ai envie de vomir.
De vomir cette boule coincée dans ma gorge.
Une boule qui a prit son temps, mais la voilà remontée, une boule chargée d'angoisse et de colère, une boule qui s'est lentement formée dans les tréfonds de mon tube digestif au cours de 8 heures passées. J'ai cette journée qui tourne en boucle et mon esprit - malgré mes efforts - n'a de cesse de m'y ramener.

J'ai beau tout essayer, il veille, à ce que je décortique scène après scène ce qui vient de se passer. Facebook, TV, bouquin rien n'arrive à maintenir mon attention. Alors c'est peut-être pour ça que j'écris cette chronique, pour ne pas sombrer dans une zone que je tiens à distance respectable.

Oui, il serait plus simple de péter une bouteille d'un vin quelconque et de m'enivrer jusqu'à ce qu'un sommeil de plomb s’abatte sur moi. Oui il serait plus simple de rouler un énorme spliff et de doucement m'envoler vers un paradis artificiel. Oui tout ça serait si simple, mais ce n'est pas ça que je veux. Je veux faire face, PMA quoi...

J'ai pas vraiment l'envie de relire ces longs paragraphes que je viens de saisir mais je crois avoir tracé les grosses lignes de ma journée. A l'heure qu'il est je ne suis même pas certaine de publier cette chronique car elle me semble tellement éloignée de ce que je voulais mettre dans ce blog. Moi j'avais envie de donner un éclairage sympa sur les  hôpitaux psy, que les gens qui me lisent se disent "ben dis donc ça a l'air sympa en fait ce milieu, et puis c'est intéressant le métier d'infirmière, elles sont pas juste des exécutantes des ordres du médecin, elles réfléchissent..." mais tu parles me voilà en train de parler de violence. Alors ok mea-culpa, je peux pas faire comme si elle n'existait pas cette violence, elle n'est pas qu'une légende urbaine, mais croyez moi, malgré mes propos du jour, elle n'est qu'une minuscule partie de notre travail. Une infime partie, la plus négligeable, la moins intéressante mais malheureusement elle laisse des traces. Et même si ce soir c'est dur à dire, je vais au moins vous l'écrire "travailler en psy, c'est génial" allez disons le plus fort "TRAVAILLER EN PSY, C'EST GÉNIAL".

Mais bordel, il est où le soutien institutionnel? On dit qu'en psychiatrie les murs soignent mais je crois qu'ils sont bien souvent vachards avec les soignants. Je réclame une empathie institutionnelle... mais comme le clamait l'accroche d'Alien premier du nom "dans l'espace personne ne vous entend crier".  Aujourd'hui, j'ai abandonnée la sœur d'un patient en demande d'aide, j'ai sauté sur un patient, j'ai injectée de force une autre patiente et personne n'a jugé bon de dire qu'on pourrait avoir besoin de se poser un peu, de souffler et de remettre un peu de sens là dedans. Et Jenny, ma jeune collègue qui tentait d'éviter les uppercuts comment-a-t-elle vécue le reste de sa journée? Rapidement je jette un œil sur facebook pour voir si elle est connectée mais elle ne l'est pas. Faut qu'on parle toute les deux car je le sais déjà, personne ne viendra nous voir. Comme si nous étions des machines, apte à sauter sur quelqu'un puis à poursuivre comme si de rien n'était notre journée entre entretien de soutien psychologique, négociation de traitement, aide au déshabillage, au couchage... Comme si tout glissait sur nos peaux juvéniles sans laisser de marque. Mais c'est pas comme ça que ça marche. Non, ce qui se passe dans nos services nous affecte et puisqu'il n'y a personne pour en parler, moi je l'écris. Ecrire, acte de résistance ou de résilience? Bien sûr tout le monde s'accorde sur le fait qu'il faut parler mais comme il n'y a jamais de temps dédié à ces temps de parole et bien ces temps n'existent pas... Et puis en filigrane, le discours est du genre "pas de place pour les faibles... prends sur toi, sinon tu dégages..."

Bon, je suis un peu moisie ce soir. Il est temps de fermer ce portable et de se raccrocher, de me raccrocher, à la PMA. Avec un peu de chance la journée de demain sera d'une calmitude réjouissante et je trouverais le temps et l'interlocuteur pour un peu vider mon sac... Et puis si personne n'a eut le temps de poursuivre ma discussion avec la sœur de ce patient en placement et bien je lui passerais un coup de fil et reprendrais là où nous nous sommes arrêtés. Les choses ne sont pas fichues, rien n'est figé. Derrière l'obscurité, la lumière.




mardi 19 janvier 2016

# 34 - Il fait noir, noir foncé même, avec des tâches obscures et de sombres reflets. épisode 2


by Lucas Rossato



Aujoud'hui, la suite de la chronique publiée vendredi dernier et à relire ici: 


Je rejoins l'équipe dans le bureau infirmiers. Tous sont assis autour de la vaste table dont le désordre est à l'image de cette journée. Il y a le psychiatre, deux collègues infirmiers et mon cadre. D'emblée celui-ci m'expose la situation.

- Bon Suzie on t'attendais par rapport à Mme Y.

C'est Grégoire, le psy, qui l'interrompt.

- Deux petites secondes, laissons à Suzie le temps de reprendre ses esprits. Comment ça s'est passé sur le PTI?

- Ben ils y sont toujours... et moi j'suis là. C'était chaud... Pour la première fois j'ai sauté sur quelqu'un pour l'immobiliser.

- Le patient est en iso? demande l'un de mes collègues

- Ben je sais pas ce qui se décide. Le médecin de garde est là-bas, j'ignore, il va y avoir une injection, mais elle n'était pas encore faite quand je suis partie.

- Ok repend le cadre, donc je te disais qu'on a un petit souci avec Mme Y. Elle a des propos suicidaires et refuse la sédation per os.

- et donc?

- Donc reprend Grégoire tout en se levant et en enfilant sa veste, si elle maintient son refus, vous l'injectez. Moi je vous laisse j'ai des consults au CMP, faut que je file, je suis déjà à la bourre.

Alors qu'il referme la porte, je prends conscience de la responsabilité qui m'incombe. Cela peut sembler incroyable, mes avec mes 3 années à peine de bouteille je suis la plus expérimentée. Qui plus est mes deux collègues ne sont même pas du service, c'est à dire qu'ils sont là exceptionnellement pour faire face à des arrêts de travail soudains. Autant dire que je suis la seule à "connaître" la patiente.

- Je suis un peu étonnée qu'on en arrive là.

- C'est à dire? me demande un collègue

- ça fait près de 3 ans que je suis dans le service et Mme Y. a du y être hospitalisée dans ce même laps de temps près de 10 fois. 10 plein temps, plus ou moins longs, ça commence à compter.

- Et?

- Et c'est toujours pareil! Elle est admise suite à un passage à l'acte suicidaire de type IMV ou une menace de passage à l'acte mais jamais elle n'a tenté quoi que ce soit dans le service. Ok elle peut être fermée et opposante dans un premier temps mais ça ne veut pas dire qu'elle va se foutre en l'air.

- Oui mais t'as entendu Grégoire...

- Oui je sais, sauf qu'il s'est barré et à nous de gérer ça... Ce que je veux dire, c'est qu'on a plutôt une bonne relation avec cette patiente. Passée cette première phase d'opposition, c'est souvent une patiente qui sollicite des entretiens et avec qui le lien de confiance fonctionne plutôt pas mal...

- C'est sûr que c'est pas génial mais on a déjà essayé de la convaincre suite à l'entretien médical mais rien à faire, elle refuse systématiquement.

- Oui mais si on l'injecte, faut quand même comprendre qu'on risque de casser tout ce lien de confiance qu'on a mis si longtemps à construire

- Oui et si on l'injecte pas et qu'elle se suicide, on en aura pas grand chose à faire de ton lien de confiance me lance le cadre.

- Merci de ton soutien, ça fait plaisir.

- Non mais sans parler de suicide, je ne suis pas convaincu que l'injection va casser la relation que vous avez avec cette patiente. Certes, aujourd'hui elle refuse les soins mais va savoir dans quelques jours elle viendra peut-être vous remercier d'avoir pris une décision qu'elle, elle ne pouvait prendre, vous remercier d'avoir apaisée son angoisse. Elle est paumée, elle a besoin qu'on agisse comme une mère pour elle, que l'on prenne des décisions dures mais essentielles.

- Ok, ça se tient, c'est vrai mais,si vous n'y voyez pas d'objection, je vais quand même aller la voir et tenter une dernière fois de la convaincre de prendre le traitement en per-os.

- ça marche et pendant ce temps là, je vais préparer l'injection de tranxène.

***
*

Le coin fumeur est un espace agréable doté de grandes baies vitrées donnant sur le parc de l'hôpital. Sur l'un des fauteuils détérioré par des signatures aux marqueurs indélébiles et autres tâches de café est assise Mme Y. Elle fixe la ligne d'horizon comme un navigateur à la recherche d'une terre nouvelle synonyme d'espoir. Je m'approche d'elle, elle ne me regarde pas et ne répond pas à mon bonjour. J'approche un fauteuil pour m'asseoir à sa hauteur. En agissant ainsi j'espère lui montrer ma disponibilité, que je suis là pour elle. Alors je prends le temps et comme elle je fixe l'horizon à la recherche d'une façon d'entrer en contact avec elle.

- Dure journée n'est-ce pas?

Pas de réponse, pas même un mouvement de sourcil.

- Je pense que vous savez pourquoi je viens vous voir... mais je viens pas pour vous forcez la main, j'avais envie de discuter avec vous. Êtes-vous d'accord pour que l'on prenne un petit moment pour parler vous et moi? 

Les secondes s'égrennent mais toujours aucune réponse. Mme Y demeure immobile, seul le va et vient de sa main qui porte à sa bouche sa cigarette vient rompre cet instant suspendu.

- Vous savez, ça fait quelques temps qu'on se connait Mme Y, on a souvent discuté vous et moi, on a eu des échanges riches et puis vous avez participé à plusieurs activités... alors quand je vous vois aujourd'hui, fermée comme vous l'êtes je m'inquiète pour vous. Qu'en pensez vous, ai-je raison de m'inquiéter? 

Toujours rien. Je laisse plus ou mois volontairement le blanc se poursuivre en espérant qu'elle vienne le rompre. Et je pense à ce vieux Paulo de Palo Alto qui balançait à qui voulait bien l'entendre "on ne peut pas ne pas communiquer". Ahah, sacré Paulo! Je voudrais bien le voir à ma place le gars. Je voudrais l'entendre avec son accent Américano-Autrichien à la Schwarzy me dire:

- Hey listen Suzie Q!

- Yo!

- Watzlawik speaking!

- Yo Paulo!

- This woman, Miss Y, look, look Suzie, look to her non-verbal communication. You think she says nothing but you are wrong! All her attitude means she doesn't want to speak with you and that's a communication.

Oui et ben merci, oui j'avais bien compris qu'elle était fermée et que tout en elle me signifiait son refus mais qu'est-ce que je fais hein Mister W, qu'est ce que je fais?

- Don't force the communication, report it to tommorrow!

Ah ah super mais t'as pas dû bien comprendre l'enjeu de mon, c'est soit on discute et je l'amène tranquillement à accepter son traitement per-os, soit on en reste là et on va droit à l'injection!

- What? Into the Ass!

- You're right Paulo

- Oh my God!

Oh tu sais ton Dieu ne nous sera d'aucune utilité. Le blanc que j'ai laissé ne semble provoquer aucune gêne chez Mme Y tandis que moi, je me sens de plus en plus mal à l'aise. A quelques mètres, j'aperçois mes collègues et leur impatience me frappe de plein fouet. Alors faisant fi des conseils de Paul Watzlawick je casse le blanc et garde le jaune, non ça c'est une blague, je casse le blanc et reprend la parole:

- Et bien moi je m'inquiète pour vous. Il n'y a pas que moi d'ailleurs, tous nous nous inquiétons pour vous. Ce refus de parler dans lequel vous vous êtes enfermée nous montre à quel point vous êtes mal. Vous ne nous le dites pas avec des mots, mais ce que vous nous montrez nous fait dire que vous êtes en grande souffrance, en détresse même. Alors je ne sais pas à quoi vous pensez en ce moment mais je peux essayer de l'imaginer. Et au vu de discussions que nous avons pu avoir par le passé je me dis que peut-être vous vous dites peut-être des phrases comme "Mais pourquoi ne me laissent-ils pas tranquille? J'ai rien demandé à personne, j'en veux pas de leur SDT, de quoi se mêlent-ils à vouloir sauver tout le monde? Ils se prennent pour qui à s'autoriser un droit de regard sur ma vie. C'est ma vie, elle m'appartient, j'en fais ce que je veux...."

Plus je parle, plus je m'enfonce. Ai-je raison de me lancer dans une telle litanie? Je me sens de plus en plus ridicule comme embourbée dans une vase de laquelle je n'arrive plus à m'extraire.

- Je ne vais pas me lancer dans une grande explication car vous connaissez déjà ce que j'ai à vous dire. Vous aider, c'est notre rôle, notre métier, notre obligation, vous savez qu'on ne vous laissera pas tomber. Et vous aider ça passe par un traitement. Et vous savez aussi que le traitement vous l'aurez soit en le prenant par vous-même soit en nous obligeant à vous l'administrer. Si je viens parler avec vous c'est parce qu'ici on croit à la force de la parole.

Et je continue, ce n'est pas un entretien mais un discours, un monologue. J'enchaîne. Après la force de la parole je lui parle de la nécessité d'être actrice de sa prise en charge. Je suis consternante, c'est comme si je récitais pour moi-même les grands principes de la psychiatrie comme pour mieux m'en convaincre. Pourtant à ce moment là, je vois clair et connais l'inéluctable issue vers laquelle nous nous dirigeons. Alors en désespoir de cause, je continue d'accaparer la parole comme pour mieux repousser cette issue.

Et puis soudain je m'arrête, je n'en peux plus d'argumenter sans réponse. Combien de temps ai-je parlé? Je n'en ai pas la moindre idée, mais elle, Mme Y, n'a pas prononcé le moindre mot tout comme elle n'a pas détourné son regard de la ligne d'horizon.

J'adresse un regard à mes collègues qui d'un pas lent entrent en scène. D'autres patients observent, ils ont compris ce qui se trame. Des collègues d'un service voisin sont venus en soutien.

Mme Y s'opposera passivement jusqu'au bout. Aucune résistance mais aucune aide non plus. Il faut alors la porter, elle est d'une raideur incroyable. Tous regardent, il y a quelque chose de spectaculaire dans cette scène. Quatre hommes qui portent cette femme, on dirait un convoi mortuaire. Au moment de l'injecter, dans sa chambre, un semblant de résistance. Enfin elle manifeste quelque chose. Les muscles de tout son corps se contractent, je tiens sa main et elle me la serre si fort que ses ongles s'enfoncent dans ma chair. Il y a cette intimité violé, cette fesse dévoilée mais cette dignité gardée. Pas un cri malgré la douleur, pas une larme malgré la peur. La résistance dans la souffrance.

Et puis l'on sort de la chambre, et les choses reprennent leur cours. Le temps de traverser le couloir, on remercie les collègues d'être venus nous apporter leur aide et ces derniers nous répondent avec un sourire que c'est normal.

J'interpelle l'un de mes collègues du jour.

- Dis-moi, elle parlait en entretien médical? Car moi elle ne m'a absolument rien dit.

- Non, elle n'a rien dit à Grégoire non plus, elle ne le regardait même pas...

- Et alors comment a-t-il conclu qu'elle voulait se suicider.

- C'est un courrier très explicite qu'elle a laissé à l'intention de sa fille. Beaucoup d'idées de dévalorisation et un projet clair de pendaison.

- Putain quel bordel...

- Tu sais Suzie...

- Quoi?

- T'as fait ce que t'as pu...

- Mais?

- Mais faut accepter que certains sont si mal qu'ils s'abandonnent complètement à nous. Leur demander de prendre une décision c'est déjà trop leur demander. Ce qu'ils attendent, c'est que ces décisions nous les prenions pour eux. Tu sais le manque de confiance est souvent la marque de fabrique de nos patients. Et on peut pas leur donner tort... Comment réagirais-tu si ton esprit depuis des années te faisait sans arrêt faire les mauvais choix, tu arriverais encore à te faire confiance, tu n'aurais pas envie de t'abandonner un peu à quelqu'un qui propose de t'aider? Alors ne soit pas trop dévastée Suzie, car à présent, Mme Y va dormir et demain au lieu de compter parmi les non- partants du jour elle sera bien parmi les vivantes.

- D'accord. Merci, je vais réfléchir à tout ça.



Allez, pour aujourd'hui c'est bouclé, la suite sera publiée vendredi! D'ici là bonne semaine à tous!






dimanche 17 janvier 2016

# Revue du web du 17 janvier 2016




1- Jérome Favrod est un infirmier Suisse auteur entre autre autre d'un excellent ouvrage intitulé "Se rétablir de la schizophrénie". Il semble consacrer une large partie de son temps à la recherche et à la mise en place de projets innovants. J'ai assisté courant décembre à une conférence passionnante qu'il a donné ou il présentait son projet PEPS pour Programme Emotions Positive pour la Schizophrénie. J'ai pas encore eu le temps d'étudier cela à fond mais je ne saurais trop vous conseiller de consulter le site qu'il a crée à cette occasion et qui regorge d'outils: http://www.seretablir.net/outils-interventions/peps/ 

2- Étrange comme ce type des services techniques qui photographiait sans leur accord des patients en psychiatrie et ressort aujourd'hui ces vieux clichés. Voyeurisme ou démarche artistique, chacun se forgera sa propre opinion, ce qui est sûr c'est que cela est bine peu respectueux des patients. à voir ou pas ici: http://www.vice.com/fr/read/discovering-lost-photos-of-prestwichs-psychiatric-patients-115

3- Il paraît qu'en psy on est pas terrible pour désigner les personnes de confiance. Alors s'il t'arrive de t'emmêler les pinceaux et de ne plus faire la différence entre la personne à prévenir et la personne de confiance, psycom a rédiger un document téléchargeable en pdf qui répond à toutes ces questions.  http://www.psycom.org/Droits-en-psychiatrie/Connaitre-ses-droits/La-personne-de-confiance




vendredi 15 janvier 2016

# 33 - Il fait noir, noir foncé même, avec des tâches obscures et de sombres reflets.


Il y a des journées comme ça. des journées dégueulasses, des journées qui ne nous épargnent pas. 

Quand infirmiers.com m'a interviewé il y a quelques semaines, j'avais parlé d'un concept qui m'est cher, la PMA. La Positive Mental Attitude, c'est rester positif en toute circonstance. Un concept de psychologie positive qui nous vient des States et qui nous invite à chasser le défaitisme avant qu'il envahisse notre psychée, à refuser le négativisme pour continuer à avancer et à atteindre ses objectifs ne serait-ce que mener sa barque comme l'on peut.

Sur le papier c'est génial, mais je peux vous dire que ce soir alors que j'écris ces lignes, j'en bave un max pour scander "PMA ALL DAY". Ce slogan, PMA toute la journée, tiendra-t-il la nuit... Et cette phrase, cette phrase que je l'ai lu tant et tant de fois, me la récitant comme un mantra... Ce soir, je la trouve d'une naïveté sidérante...






Peut-être devrais-je attendre demain pour écrire, attendre que le positif refasse surface... Car là, il m'est difficile de voir un coin de ciel bleu dans cette journée si sombre...

Les trans n'annonçaient rien de tel. C'était mon troisième jour, autant dire que j'étais bien imprégné du service. Aucune admission depuis la veille malgré nos deux lits vides, le secteur était calme, les mécanismes de défense de nos patients faisaient du bon boulot... 

Et puis on a sonné à l'entrée du service. C'était un visiteur, je me suis levée pour aller lui ouvrir. En sortant du bureau j'ai regardé mes collègues avec le regard le plus sévère que je possède et leur ai dit "pas de conneries avec mon café, sinon ça va barder!"

C'était le sœur d'un patient du service qui lui rendait visite. Je pouvais lire la forte appréhension qui l'habitait. Dans le SDT, elle était le T. Le tiers. Dans son esprit cela revenait à dire qu'elle était LA responsable du placement de son frère. Cela faisait près d'une semaine qu'elle vivait avec cette idée, que cette idée la réveillait la nuit. Et cette question à laquelle elle ne pouvait trouver de réponse satisfaisante : son frère lui pardonnerait-il? Aujourd'hui, face à moi, elle avait besoin d'être rassurée et accompagnée. Elle avait besoin qu'on lui dise qu'elle n'était pas responsable, que les Soins à la Demande d'un Tiers avaient été validés par deux médecins. Elle avait besoin d'entendre que son frère ne lui en voulait aucunement car même s'il ne le disait pas, il savait au fond de lui, qu'il était en grande détresse et qu'il avait besoin d'aide. Elle avait besoin qu'on lui dise, qu'on l'a rassure, qu'on lui confirme qu'elle avait fait le bon choix, le meilleur, le seul, celui que dois faire une sœur qui prend soin de son frère. Laisser un schizophrène décompensé dans la rue, fermer les yeux sur son état, c'est lui nuire, c'est être maltraitant envers son proche. Oui elle avait besoin d'aide. Mais elle n'a rien eu, rien obtenu de ma part...

Car à peine lui avais-je ouvert la porte que le PTI sonna. Je le porte toujours sur moi. C'est un petit boîtier que j'accroche à ma blouse et qui me permet de déclencher l'alerte en cas d'agression. Il permet aussi de recevoir les alertes déclenchées dans les services de soins voisins afin de pouvoir intervenir au plus vite.

Ivan Pavlov rirait sûrement de me voir courir ainsi. Oui je suis telle son fameux chien qui salivait au son d'une cloche, moi dès j'entend ce PTI hurler, j'embraye la seconde! Conditionnée. Alors là ni une ni deux, j'abandonnai la visiteuse la laissant seule sur le seuil de la porte avec ses doutes. Le PTI signalait une agression dans le bâtiment voisin.



***
*

Il s'est écoulé quoi, 10 secondes? 20 secondes? au moment ou je déboule dans l'unité voisine. J'ai envie de croire à une fausse alerte comme il en arrive régulièrement, une erreur de manipulation du PTI, un déclenchement par inadvertance mais il n'en est rien. Mon palpitant déjà haut dans les tours prend une nouvelle accélération quand je découvre la scène qui se joue devant moi. L'infirmière, une jeune collègue, Jenny, marche à reculons pour tenter d'éviter un patient tout aussi jeune qu'elle mais autrement plus costaud qui avance vers elle en tentant de lui placer un uppercut du droit dans la face. Le geste est maladroit mais l'intention est là. Bientôt cette collègue sera contre le mur et ne pourra plus reculer. Encore un mètre, deux à tout casser. J'aimerais tant ne pas être la première sur les lieux, j'aimerais tant que mes collègues soient déjà arrivés et que la situation soit gérée... mais il n'en est rien! Je suis la première et je n'ai pas le temps de réfléchir. Je suis dans son champ de vision et m'elle m'a vu. Dans son regard je lis toute son impuissance, toute son incompréhension. Lui ne me vois pas, il ne semble pas m'avoir entendu. J'essaye de me faire discrète. A défaut de connaître les techniques d'immobilisations, la surprise sera mon atout numéro uno. Alors je plonge. Littéralement, je plonge. Je me jette sur ce patient et advienne que pourra. Bien sûr je ne le renverse pas. Mais c'est suffisant, mon bras gauche vient enrouler sa taille tandis que mon bras droit attrape son poing droit et vient le plaquer contre son ventre à gauche. Je me colle contre lui et pose un genou au sol pour l'attirer vers le sol. Je ne tiendrai pas longtemps comme ça mais ma collègue, dont la lucidité est de retour, vient à ma rescousse. Le jeune homme cherche à se débattre et finit par se déséquilibrer et chuter au sol. Nous n'arrivons pas vraiment à l'y maintenir mais heureusement c'est à ce moment que des renforts en provenance d'autres unités surgissent.

Et là tout semble enfin ralentir... Les mains des gars se posent sur le patient. Les gestes sont précis. Il n'y a aucune animosité. Tout se fait avec maîtrise et contrôle. Je relâche ma prise et me retire. Autour de nous un attroupement de patient s'est formé et observe. Le calme est presque revenu. Cinq soignants maintiennent le jeune homme au sol. Les jambes et les bras sont ainsi bien contenus. Il tente de se défaire la prise. Il crie, dit qu'on lui fait mal. L'un des collègues présent prend alors la parole. Une voix très douce, une voix sereine.

"Vous vous faites mal tout seul Monsieur X. en bougeant de la sorte. Nous n'appuyons pas, nous n'exerçons qu'une faible pression pour vous contenir au sol. Restez calme, essayez de vous détendre et vous n'aurez pas mal."

A quelques mètres, le médecin de garde qui vient d'arriver s'entretient avec deux infirmières. C'est une jeune interne qui a la lourde charge de décortiquer ce qui vient de se passer. Elle cherche à comprendre comment se sont déroulés les faits, qu'est-ce qui a bien pu motiver cette tentative d’agression. Jenny lui explique tandis que moi je la cherche du regard. J'aimerais lui parler, prendre de ses nouvelles, m'assurer qu'elle va bien.

Au lieu de ça, quelqu'un s'approche de moi avec un téléphone. "Tiens c'est pour toi" me dit cette personne dont j'ignore le nom en me tendant l'appareil. Je le porte à l'oreille:

-Suzie, faut que tu remontes, on a une situation tendue sur le feu.




La suite de cette chronique en 3 parties sera à lire dès mardi 19! Et l'épisode final sera dispo vendredi 22!




mardi 12 janvier 2016

# 32 - Editorial : Quel avenir pour ce blog?

@ will


ça s'est passé il y a deux nuits de cela. Je dormais, enfin je crois. C'est alors qu'il se manifesta à moi, enfin à ce qui restait d'éveillé en moi.

- On se réveille là dedans hurla-t-il.

Je me retournai dans mon lit, m'emmêlant comme à mon habitude dans mes draps. Je ne sais pas si le formulai réellement mais, dans la reconstruction que j'en fais, je lui répondit avec la même fermeté que lui avait usé.

- Dégage, laisse moi dormir et pis t'es qui d'abord?

- Qui je suis? Dis moi qui je suis?

(toute ressemblance avec la magnifique chanson de Florent Marchet n'est que fortuite car croyez-moi l'ambiance n'était pas à la poésie mais bien à l’agression.)


- Qui tu es? j'en sais fichtre rien... quoique... c'est débile... mais j'ai l'impression de te connaitre... Je ne te vois pas, je ne t'entends pas, tu es juste là, en moi, tu t'imposes à moi et ton nom qui s'affiche devant moi, tu es...

- Je suis?

- K2R c'est bien ça?

- K2R détachant s'il vous plaît.

- K2R détachant?

- pour te pourrir!

- C'est quoi ce nom de scène ringard?

- C'est pour Kevin de Rambo, digne héritier de Gaëtan de Clérambault.

- Bullshit c'est des conneries tout ça, me fais pas le coup de l'automatisme mental, ça c'est bon pour les manuels! Comme si j'allais y croire un seul instant!

- Tait-toi, ferme là! Si tu crois que va me la faire à l'envers... Parce que toi tu crois que quelqu'un est assez stupide pour croire à ton pseudo de Suzie Q. Qui va croire à la légende de la petite fille qui porte le nom d'une drogue et qui deviens infirmière psy? Non mais laisse moi rire!

- Ouais ben mon pseudo il est autrement plus classe que le tien! Bon et qu'est ce que tu me veux? Pourquoi viens tu détruire ma nuit?

- Je veux parler. Pousse toi fais moi une place sur l'oreiller.

Mon réveil sonna, il était 6h30 et mon histoire avec ce fouteur de merde de Kévinou en resta là. Je classai cet improbable entretien dans les événements étranges qui habitent ma vie depuis toute petite. Pour autant j'étais loin d'imaginer qu'il allait à nouveau s'inviter la nuit suivante.

- C'est de ton blog que je veux parler SuzieQ.

- Quoi mon blog?

- 'tain mais qu'est-ce qui t'arrive t'es en gréve, tu fais la gueule, ou t'as le symptôme de la page blanche?

- Pourquoi dis tu cela?

- Arrête je te l'ai déjà dis, tu me la feras pas à l'envers. Je lis en toi, alors soit honnête, sincère et tu retourneras à tes beaux rêves de midinette rapidement. Alors je réitère ma question: what the fuck??

- Mais j'en sais rien, c'est juste difficile en ce moment.

- Moi je pense que ça va au delà. Je t'observe en silence. Un peu, souvent, tout le temps. Et tu as changé. La dynamique autour de ton blog a changé, ton investissement aussi.

- Oui c'est vrai, c'est dur, le coup de mou, j'ai le sentiment d'être perdue, de ne plus savoir dans quelle direction aller....

- Ah putain, chiale pas s'il te plait, je supporte pas les geignards, ceux qui baissent les bras et qui abandonnent. Les faibles me donnent la nausée. Les victimes je t'en parle même pas... Et puis je vois pas de quoi tu te plains, j'ai l'impression que ça marche pas mal... J'ai découvert ton existence via le site infirmiers.com ce qui est, tu en conviendras, plutôt sympa comme exposition médiatique.

- Mais oui je sais c'est super d'être lue alors que je ne suis pas journaliste... être publiée sur un médias très populaire auprès de la communauté des IDE m'a donné un supplément de confiance à défaut d'un supplément de lecteurs...

- Bon alors what the fuck?

- Lorsque j'ai commencé l'aventure SuzieQ is in the house of madness j'étais à la recherche d'un quelque chose qu'à chaque article j'approche un peu plus. User d'une liberté de parole, aider le néophyte à mieux cerner le rôle si spécifique de l'infirmier psy et puis aussi exprimer mes colères le tout sous un enrobage a minima littéraire. Avoir une exigence sur le fond comme sur la forme.

- Oui enfin t'emballe pas, t'es blogueuse pas romancière, t'es peut être en colère mais t'es pas Virginie Despentes non plus. Je vais te calmer direct, t'as aucun talent... mais je te l'accorde tu te dépatouilles pas trop mal avec la petite centaine de mots que contient ton vocabulaire. 

- Salaud va! Je suis peut-être pas une artiste c'est vrai mais ça ne m'empêche pas d'avoir un minimum d'exigence. Or cette exigence se marrie mal avec mes contraintes de temps et mon rythme de vie.

- C'est à dire?

- Ben c'est à dire que j'ai deux enfants en bas âge, je travaille à temps plein voire plus car j'ai un investissement institutionnel qui va croissant avec une présence dans plusieurs commissions au sein de l'Epsm et pour couronner je déborde de projets pour 2016... Ainsi je débute un cursus à Paris en vue de l'obtention d'un Diplôme Universitaire. C'est une opportunité géniale mais qui là aussi va être chronophage au possible en raison du travail personnel important et du mémoire à rédiger. Alors si à ça on ajoute la possibilité que j'intègre courant 2016 la CUMP de mon établissement autant te dire que je suis overbooké! 

- On te plaindrait presque... Overbooké, non mais regarde-toi, pire qu'une cadre de santé, on dirait un administratif! Personne ne t'a imposé ça, tu fais tes choix, assume-les, merde!

- Oh arrête, tu questionnes, je réponds. Non je ne suis pas à plaindre, je t'explique seulement à quel point il m'est difficile de consacrer du temps à ce blog. La demie-journée qui m'est nécessaire pour rédiger un article est impossible à caser dans mon agenda.

- Merde il faut que tu tranches dans le vif! Soit tu fermes ce blog et je te rassure tout de suite, tu ne manqueras à personne, tu n'as rien d'unique et aussitôt morte tu seras remplacée par dix blogueurs plus talentueux que toi mais au moins ton aventure de blogueuse bien qu'éphémère t'auras apporté nombre de satisfactions.

- Soit?

- Soit tu t'accroches et tu essaies de combiner au mieux tous ces éléments que tu m'as cité. Le autres blogueurs aussi ont des vies, des enfants, un métier et des loisirs. Je te l'ai dit tu n'es pas unique et tu n'es pas exceptionnelle non plus. 

- Oui je sais et je ne suis pas non plus un flocon de neige, merci Tyler Durden, je connaîs! 

- Pourquoi te mettre des contraintes avec ce blog? Il est le fruit de ton imagination, tu en fait ce que tu veux. Tu n'as pas à publier 3 articles par semaines si tu n'y arrives pas. Un bon article de temps en temps c'est déjà pas si mal... Ne regardes pas le nombres de visiteurs sur ton site, ni le nombre d'abonnés sur ton twitter ou ton facebook, branle toi de cela! Tu n'es pas TF1, ton existence n'es pas liée à ton audimat! Je vais te le dire de façon plus simple!

- Je suis toute ouïe!

- Écris, écris, écris. Contente-toi de cela! Tu n'as pas fait ce blog pour te la jouer webmaster alors laisse tomber les statistiques de google analytics et retourne écrire. Il y a 6 mois, tu n'existais pas... au sens propre du terme! Et aujourd'hui, Suzie Q, non seulement tu es mais tu t'interroges, tu cherches le sens et là, c'est merveilleux, tu expérimentes l'angoisse alors franchement je trouve que c'est là une magnifique progression!

- Merci des conseils K2R, je vais y réfléchir...

- C'est tout vu Suzie Q! Mais attention la prochaine qu'un délire existentialiste s’abat sur toi, ne nous emmerde pas avec ton mal-être, on est tes lecteurs pas ton analyste, alors la prochaine fois et bien il te suffira d'arrêter de publier et on comprendra...

- Comprendre quoi?

- Que Suzie Q is dead...

- Alors on en est là, on en est au fameux write or die...





dimanche 10 janvier 2016

Revue du presse du 10 janvier 2016





1- Et si on définissait le métier d'infirmier en santé mentale. Merci Jacky Merling, cadre de santé et auteur  entre autre d'un excellentissime ouvrage sur les activités thérapeutiques: 

2- Mal barrée la recherche en sciences infirmières? 

3- Comme souvent, un excellent texte de Walter hesbeen: (attention c'est bon mais c'est long...)

4- coup de pub pour les TCC dans la prise en charge de la dépression: 

5- un coup de gueule très intéressant d'une infirmière IAO: 






jeudi 7 janvier 2016

# sélection radio, vidéos décembre 2015




1 - conférence TED une psychiatre parle de sa schizophrénie. passionnant. 



2- Goodbye Drugs, hello stimulation! Un cours instructif sur l'électricité en psychiatrie. on y trouve pèle-mêle: histoire, éthique, transhumanisme, autour des ECT.




3- ok, c'est pas une vidéo... mais de la radio! France culture en partenariat avec l'Université de Rennes 2 tente de répondre à la question : Qu'est-ce que la perversion?

4- allez on poursuit avec une conférence de l'institut douglas, une big fondation canadienne qui trouve des fonds pour la santé mentale. le thème de cette conf est la solitude: intéressant même si parfois un peu chiant-chiant et longuet!




5 - Et pour finir l'excellente émission la tête au carré s'intéresse au CUMP et reçoit pour en parler Boris Cyrulnik! Emission à charge contre les CUMP où l'on apprend qu'outil de soin à leur création elles sont aujourd'hui devenue alibi des politiques! http://www.franceinter.fr/emission-la-tete-au-carre-le-trauma-et-la-condition-de-victime



mardi 5 janvier 2016

# y'a pas que la psy! décembre 2015


Ce que j'ai kiffé au mois de décembre!



Vernon Subutex Tome 1 par Virgine Despentes

Bordel, il m'aura fallu attendre décembre pour lire mon livre de l'année... Quelle claque! Sur mon compte Babelio il est rare que j'attribue 5 étoiles à un livre mais là si cela était possible je lui en mettrais 6... Une galerie de personnages, aussi abîmés les uns que les autres. Les marginaux, les trans, les actrices porno, les clochards, les sniffeurs de coke, les couples bobo, tout ce que notre société produit de plus succulent, s'est donné rendez vous autour de Vernon Subutex ex-disquaire en chute libre. ça balance dans tous les sens, chacun en prend plein sa tronche, c'est écrit magistralement, chaque phrase est habitée par une puissance qui fait parfois penser à du Bret Easton Ellis. Plus qu'un portrait d'une génération, c'est celui d'une époque, celui de Paris 2015, du Tom Wolfe version Punk. Une oeuvre crue, sans concession, profondément hardcore, ultra référencée rock, écrit avec les tripes! à mon humble avis, ce qu'elle a fait de mieux avec King King Théorie!






Sukkwan Island de David Vann. Un très beau livre paru en 2010. Où l'histoire d'un homme qui décide de tout quitter pour partir vivre en Alaska. Il y amène son fils de 13 ans mais oublie son guide du comment survivre en milieu hostile... J'ai beaucoup aimé ce livre, pas évident à lire tant le héros est un personnage antipathique et médiocre auquel il est bien difficile de s'identifier. Et puis il y a cette scène à la moitié du roman qui a fait couler beaucoup d'encre en raison de son caractère violent et que rien ne prépare, moi j'ai trouvé ça très pertinent! Alors si vous aussi vous envisagez de tout plaquer car vous n'arrivez plus à affronter votre quotidien, ne jouez pas les héros, lisez le livre avant de partir et ça devrait vous calmer... Bon je dis ça avec humour, mais ne vous y fiez pas, le livre n'en dispense aucun. C'est noir, très noir, ça suinte la misère, la dégringolade, la lente progression vers le drame, la chute, le cauchemar éveillé et non pas la moindre blagounette pour égayer tout ça... 









D'après une histoire vraie de Delphine De Vigan. 
Au préalable il me semble indispensable d'avoir lu "Rien ne s'oppose à la nuit" tant ce nouveau roman en est le point de départ. Très bon livre, très justement récompensé qui au détour de sa trame scénaristique nous livre de nombreuse considérations et réflexions sur la littérature entre autre. De Vigan joue encore sur la confusion du réel et de l'imaginaire et laisse volontairement planer le doute. Étonnamment pour un livre de littérature Française les références le plus proches sont le Misery de Stephen King et le Fight Club de Chuck Palahnuik.