mercredi 30 août 2017

The Guard, un film de Peter Sattler.




Cela faisait longtemps que cela me trottait dans la tête. A chacun de ses nouveaux films les critiques du Masque et la Plume d'Inter pourtant souvent partagés étaient unanimes à son encontre: elle irradiait les films par sa présence, son naturel, son talent d'actrice. Elle c'est Kristen Stewart, star planétaire grâce au célébrissime Twilight. Comme je n'ai pas vu ce film, cette actrice était une illustre inconnue pour moi. Mais au vu du dithyrambisme de ces critiques, il me fallait mettre à jour ma culture ciné. Après le très beau Sils Maria d'Olivier Assayas, je décidai de regarder The Guard.

Alors si j'ai choisi d'en parler ici, sur ce blog absolument pas consacré au ciné, c'est parce que ce film c'est l'histoire d'une empathie.

Première raison de le regarder: un film qui nous plonge au sein de l'armée US et du camp de Guantanamo sans jamais montrer une arme, une explosion, ou encore une scène d'action c'est non pas rare mais carrément inédit à mon avis.

Point numéro 2, ce film qui n'en parle absolument pas m'a signifié à quel point la position de soignant est mille fois envisageable à celle d'un militaire.

Difficile en effet de regarder ce film en faisant abstraction de mon métier de soignante.

Kristen Stewart, jeune militaire américaine, débarque à Guantanamo pour surveiller ces soi-disant terroristes tous pointés comme co-responsables du 11 septembre et à ce titre traités de la manière la plus abjecte qu'il soit. Rapidement on apprend que ces personnes sont des détenus et non des prisonniers, nuance essentielle, car un prisonnier implique un traitement conforme à la convention de Genêve, tandis qu'avec un détenu, c'est la fête, on peut tout lui faire subir! Mais sur place elle va s'aperçevoir que le monde ne se divise pas entre les bons et les méchants comme voudrait nous le faire croire les adeptes de la pensée simpliste.

La pauvre Kristen va progressivement nouer une relation avec un détenu, relation qui va lui poser des problèmes avec sa hiérarchie.

Ce que nous montre ce film c'est à quel point se poser des questions est dangereux quand on est militaire. La seule façon d'évoluer dans ce monde kaki, est d'accepter le monde binaire qu'on nous présente et surtout ne jamais ô grand jamais se poser de questions.

Quant à sympathiser avec un détenu, ou simplement lui témoigner de l'empathie, c'est là un acte quasi-subversif qui semble incompréhensible par la majorité des militaires.

Celui qui a la malheur de ne pas s'acclimater à ce moule de la pensée réduite doit affronter ses questionnements tout seul. Ainsi on apprend qu'un des gardiens d'une autre aile a tenter de se suicider. Ses doutes sur les pratiques du camp l'ont poussé à ce passage à l'acte. Ce qui est terrible dans cet univers c'est qu'il ne semble exister aucun lieu de parole. La souffrance est tue, les doutes sont chassés, les interrogations sont perçues comme menaces. Alors celui qui a le malheur de sentir sous le discours officiel, un simili d'arnaque à la pensée, qui a la malheur de vouloir comprendre, raisonner, intellectualiser, et bien celui-là devra avoir un caractère de champion s'il ne veut pas sombrer.

Car quand le doute s'immisce, comment accepter ces enfermements abusifs, ces libertés réduites, ces droits de l'homme bafoués?

Kristen Stewart aka Amy Cole vient d'une minuscule bourgade des USA et cherche un sens à sa vie. Ce qu'elle aurait dû savoir avant de s'engager c'est que l'armée US ne donne pas de sens mais donne à voir le monde selon un prisme choisi et qui ne s’embarrasse pas avec les détails et les teintes de gris: le monde est en noir et blanc, "il n'y a qu'une vérité c'est nous qui l'écrivons". Si elle avait su cela Amy Cole aurait pu choisir une carrière d'infirmière en psy. Sa quête de sens, son empathie auraient trouver meilleur accueil. Les temps de parole soignants même s'ils ont tendance à se réduire à la façon d'une peau de chagrin sont encore aujourd'hui considéré comme essentiel à notre pratique. Enfin en dehors de ces temps officiels, un soignants trouvera toujours - enfin je l'espère - une écoute auprès de l'un de ses collègues pour exprimer ses doutes, ses réserves, ses craintes, ses questionnements. Et contrairement à ce qui semble se passer au sein de l'armée, ces questionnements sont la plupart du temps bienvenus car contributifs au raisonnement clinique.

Il est assez fréquent de croiser des collègues qui après une première carrière dans l'armée ont fait le choix de devenir infirmier. J'ai hâte d'en croiser un et de le questionner: se taire dans l'armée est-ce un réalité? Cela leur a-t-il peser? Cela a-t-il justifier leur choix de devenir IDE? Et le choix de la psy? Ont-ils soufferts d'une forme de solitude au sein de l'armée Française?

Et vous qu'en pensez vous? Des témoignages?


KissKiss,

SuzieQ, une fiction autobiographique




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