lundi 31 août 2015

#6 - Service, Secteur, Admission, késako?



"Je l'aime, je l'aime, je l'aime". Oui je sais on ne devrait jamais tenir de tels propos, c'est se faire du mal. Surtout à propos de sa Directrice des Soins. Mais pourtant, cette pseudo-déclaration d'amour, reflétait mon état d'esprit au moment où je quittai son bureau. 

si t'as pas suivi, ça se passe ici: l'embauche

Et dire qu'on m'avait mise en garde contre ces DSI aux dents longues, ces DSI déconnectés du soin, ces DSI technocrates faisant volontairement fi des difficultés du terrain pour mieux imposer leur autorité. 

Et il n'en était rien. Nous n'avions ni parlé efficacité, ni durée moyenne de séjour, ni statistiques et je lui en rendait grâce. Peut-être gardait-elle ce type de discours pour son équipe de cadre de santé, peut-être oui... Là, elle avait eu la classe de m’accueillir en soignante et non en gestionnaire. 

De la lisibilité des services psy.

Faites l'expérience suivante. Imaginons que le père, la mère, la tante ou l'oncle - c'est vous qui voyez - d'un de vos amis se fasse hospitaliser en soins généraux. Votre ami sera à coup sûr apte à vous dire dans quel service son parent séjourne: "le pauv' l'est en en cardiologie", "oh misère, ma mère, l'est en pneumologie", "pépère, en pédiatrie, quelle galère, mais t'es pas un peu âgé pour ça?" (euh.. si il l'est, conseillez donc à votre ami de rappeler l'accueil de l’hôpital après avoir nettoyé le suprlus de cérumen de son oreille et ainsi s'assurer s'il n'y a pas une confusion entre pédiatrie et gériatrie)

Ainsi en soins généraux, les services sont souvent bien identifiés car associés à la pathologie dudit patient. Les coeurs en cardio, les cerveaux en neuro et les os en ortho!

En psychiatrie, royaume de la nuance et du mystère, il n'en est rien. Reprenons votre ami si vous voulez bien. Pépère après son séjour en pédiatrie - oui ce n'était pas une erreur mais la conséquence d'un service gériatrique qui déborde et d'un hôpital qui maque cruellement de lit - à décompensé sur un mode régressif en voyant tous ces enfants. Le pédiatre l'a donc orienté à l'EPSM le plus proche. Et bien là, allez-y, questionnez votre ami et observez à quel point il sera incapable de nommer le service dans lequel son pépère est hospitalisé. Il est à l'HP un point c'est tout, sous-entendant que tous les services d'un HP se valent.

Alors non tous les services ne se valent pas. Mais plusieurs points expliquent l'obscurantisme qui règne autour des services.

- la détection d'une souffrance psychique demeure trop imprécise: ok il souffre mais qui est en mesure de poser un diagnostic à ce stade? Personne probablement, il va falloir investiguer, explorer et ce sera long avant de le poser. Alors, à ce stade, vous comprenez, qu'il est impossible d'admettre un patient dans un service qui serait réservé à telle ou telle pathologie puisqu'on ne connait pas la pathologie.

- la psychiatrie publique ne fonctionne pas par pathologie mais par secteur!

et oui le mot est lâché et il est d'importance: le secteur! 

Je ne vais pas entrer dans l'explication de la politique de secteur, ce serait beaucoup trop long, puisque c'est quasi refaire l'histoire de la psychiatrie en France depuis 50 ans. D'autres sites le feront mieux que moi. En revanche on peut la résumer à quelques grandes idées:

- réunir les patients non pas en fonction de leur pathologie mais par leur secteur géographique d'habitation. la commune ou la rue détermine le lieu d'hospit, ce qui évite la ségrégation. il en découle près de 800 secteurs pour le territoire Français.
- ce refus de la ségrégation est un principe fondamental
- l'autre principe est de soigner hors de murs de l’hôpital. l'hôpital n'est qu'une étape des soins et l'accent est mis sur la continuité des soins et la coordination des différents acteurs (lien hôpital <-> cmp par exemple)

Ces principes font des services d'admission des endroits où règne un joyeux capharnaüm! Et oui c'est ça l'admission adulte:

- un service ou l'on accueille les patients en pleine décompensation c'est à dire en état de crise. Un état suffisamment inquiétant pour que le maintien à domicile soit temporairement impossible.

- et comme la ségrégation n'existe plus - et c'est tant mieux - s'y côtoient des dépressifs suicidaires ou non, des schizophrènes aux délires hauts en couleurs ou beaucoup plus inhibés, des bipolaires tantôt maniaques tantôt mélancoliques. et ce n'est qu'un petit aperçu...

Pour une infirmière fraîchement diplômée, l'admission, c'est génial! C'est l'assurance de pouvoir progresser à vitesse grand V en soignant des patients par définition non stabilités. Ainsi les symptômes appris à l'école sont souvent visibles et identifiables. Les différentes pathologies rencontrées garantissent une approche globale du métier. Un passage réussi en admission est à coup sûr une voie d'entrée pour poursuivre sa carrière dans un service de réhabilitation ou en psychiatrie de ville dans un cmp par exemple.

Je suis enthousiaste mais il me reste à rencontrer mon cadre de santé. Freinera-t-il mon emballement?

.... la suite, soon!












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