mardi 6 octobre 2015

# 18 - Folie, agressions, violence: les urgences sous pression!



D'ordinaire j'évite la TNT. C'est plutôt facile, il me suffit de ne pas zapper sur l'un de ses programmes. Enquête d'action sur W9 avec ses thématiques tantôt baston, tantôt nichon, est au reportage TV ce que Luc Besson est au cinéma: de la grosse série B ultra-testostéronnée. Vendredi soir "enquête d'action" diffusait son reportage sur les urgence psychiatriques de Créteil. Un mois passé au sein de ce service de l'hôpital Henri Mondor. Le titre racoleur au possible annonçait-il la couleur? "Folie, agressions, violence: les urgences sous pression."




Commençons par ce que je n'ai pas aimé: une fois de plus quand la TV s'intéresse à la psychiatrie, c'est sous l'angle de la dangerosité. J'imagine que le quotidien d'un CMP ou d'un hôpital de jour n'est pas assez mouvementé pour qu'un équipe de journaliste labellisé TNT s'y intéresse. Car si l'émission s'appelle enquête d'action, la chaîne elle, est bien en quête d'audience. N'allez pas y chercher un quelconque objectif pédagogique, non l'audience est assurément l'unique objectif. Non pas que les urgences psychiatriques ne méritent pas que l'on s'intéresse à elles mais l'immense majorité des reportages tv sur l’univers hospitalier concernant les services d'urgence cela procure une effet loupe qui donne à croire que l’hôpital se résume à l'agitation de ces services.

L'usage des contentions tel qu'il est montré à l'écran me semble plutôt fidèle à la réalité. On reconnaît les pratiques professionnelles maîtrisées: chaque soignant sait ce qu'il a a faire et où il doit se placer, les soignants agissent dans le calme indépendamment de l'agitation du patient. Toutefois cette émission étant destinée au grand public je pense qu'il peu plus d'explications eut été important. En effet la contention physique reste quelque chose qui fait peur et que peu de personnes étrangères à la psy entendent comme un soin. Cela reste perçu comme une entrave aux libertés, une pratique limite moyenâgeuse. Or, ici, l'émission laisse penser que le recours y est très fréquent et que le patient devient plus objet du soin que sujet. Qu'importe son propos, s'il n'obtempère pas, on le contentionne. Dommage...

Hormis ces points négatifs, j'ai trouvé le reportage plutôt réussi, bien loin de la catastrophe à laquelle je me préparais. En tant qu'IDE j'ai surtout apprécié ce que le reportage montre à voir du rôle infirmier. L'infirmier n'est pas présenté ici comme un simple exécutant des décisions du psychiatre mais bien un soignant dont l'expertise est mise au service de l'équipe. On assiste ainsi à l'entretien d'un infirmier avec une patiente. Un entretien d'accueil, de première évaluation où l'IDE va avoir pour mission de repérer les symptômes, les signes cliniques de la décompensation et de dresser un tableau synthétique de la situation à l'usage du psychiatre. 

On voit également l'infirmier dans un rôle de formateur. Il dispense ainsi une formation où il enseigne à ses collègues la façon de se défaire d'une situation d'agressivité. Bémol néanmoins puisqu'on ne voit ici que la réponse physique et non pas les entretiens sur la façon de désamorcer une montée en tension, l'entretien d'apaisement ou des techniques telle que la pacification. Des outils essentiels surement connus et maîtrisés par l'équipe mais pas assez visuels pour que la caméra les retienne.

Enfin on peut voir l'IDE dans un rôle de négociateur au cours d'un entretien médical où il gère le refus d'un patient de prendre en peros l'anxiolytique prescrit par le médecin. C'est grâce à son savoir-faire et son savoir-être qu'il obtiendra la compliance du patient évitant ainsi la lourde épreuve de l'injection de force à cette patiente. 

J'ai aussi beaucoup aimé cette prescription d’engueulade à 16h qu'un psy prescrit à une patiente partant en permission pour le week-end. J'ai trouvé cela judicieux de travailler sur un programme pour la permission et l'idée de cette engueulade pour un couple qui communique mal est bien amenée. Dommage que la patiente ne s'en soit pas saisie...

Et bien voilà, ce reportage auquel je ne prêtais aucune qualité m'a agréablement surpris en mettant l'accent sur le travail d'équipe et en faisant la part belle au rôle infirmier. Donc tant qu'il est en replay, jettez-y un oeil!








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