mardi 12 janvier 2016

# 32 - Editorial : Quel avenir pour ce blog?

@ will


ça s'est passé il y a deux nuits de cela. Je dormais, enfin je crois. C'est alors qu'il se manifesta à moi, enfin à ce qui restait d'éveillé en moi.

- On se réveille là dedans hurla-t-il.

Je me retournai dans mon lit, m'emmêlant comme à mon habitude dans mes draps. Je ne sais pas si le formulai réellement mais, dans la reconstruction que j'en fais, je lui répondit avec la même fermeté que lui avait usé.

- Dégage, laisse moi dormir et pis t'es qui d'abord?

- Qui je suis? Dis moi qui je suis?

(toute ressemblance avec la magnifique chanson de Florent Marchet n'est que fortuite car croyez-moi l'ambiance n'était pas à la poésie mais bien à l’agression.)


- Qui tu es? j'en sais fichtre rien... quoique... c'est débile... mais j'ai l'impression de te connaitre... Je ne te vois pas, je ne t'entends pas, tu es juste là, en moi, tu t'imposes à moi et ton nom qui s'affiche devant moi, tu es...

- Je suis?

- K2R c'est bien ça?

- K2R détachant s'il vous plaît.

- K2R détachant?

- pour te pourrir!

- C'est quoi ce nom de scène ringard?

- C'est pour Kevin de Rambo, digne héritier de Gaëtan de Clérambault.

- Bullshit c'est des conneries tout ça, me fais pas le coup de l'automatisme mental, ça c'est bon pour les manuels! Comme si j'allais y croire un seul instant!

- Tait-toi, ferme là! Si tu crois que va me la faire à l'envers... Parce que toi tu crois que quelqu'un est assez stupide pour croire à ton pseudo de Suzie Q. Qui va croire à la légende de la petite fille qui porte le nom d'une drogue et qui deviens infirmière psy? Non mais laisse moi rire!

- Ouais ben mon pseudo il est autrement plus classe que le tien! Bon et qu'est ce que tu me veux? Pourquoi viens tu détruire ma nuit?

- Je veux parler. Pousse toi fais moi une place sur l'oreiller.

Mon réveil sonna, il était 6h30 et mon histoire avec ce fouteur de merde de Kévinou en resta là. Je classai cet improbable entretien dans les événements étranges qui habitent ma vie depuis toute petite. Pour autant j'étais loin d'imaginer qu'il allait à nouveau s'inviter la nuit suivante.

- C'est de ton blog que je veux parler SuzieQ.

- Quoi mon blog?

- 'tain mais qu'est-ce qui t'arrive t'es en gréve, tu fais la gueule, ou t'as le symptôme de la page blanche?

- Pourquoi dis tu cela?

- Arrête je te l'ai déjà dis, tu me la feras pas à l'envers. Je lis en toi, alors soit honnête, sincère et tu retourneras à tes beaux rêves de midinette rapidement. Alors je réitère ma question: what the fuck??

- Mais j'en sais rien, c'est juste difficile en ce moment.

- Moi je pense que ça va au delà. Je t'observe en silence. Un peu, souvent, tout le temps. Et tu as changé. La dynamique autour de ton blog a changé, ton investissement aussi.

- Oui c'est vrai, c'est dur, le coup de mou, j'ai le sentiment d'être perdue, de ne plus savoir dans quelle direction aller....

- Ah putain, chiale pas s'il te plait, je supporte pas les geignards, ceux qui baissent les bras et qui abandonnent. Les faibles me donnent la nausée. Les victimes je t'en parle même pas... Et puis je vois pas de quoi tu te plains, j'ai l'impression que ça marche pas mal... J'ai découvert ton existence via le site infirmiers.com ce qui est, tu en conviendras, plutôt sympa comme exposition médiatique.

- Mais oui je sais c'est super d'être lue alors que je ne suis pas journaliste... être publiée sur un médias très populaire auprès de la communauté des IDE m'a donné un supplément de confiance à défaut d'un supplément de lecteurs...

- Bon alors what the fuck?

- Lorsque j'ai commencé l'aventure SuzieQ is in the house of madness j'étais à la recherche d'un quelque chose qu'à chaque article j'approche un peu plus. User d'une liberté de parole, aider le néophyte à mieux cerner le rôle si spécifique de l'infirmier psy et puis aussi exprimer mes colères le tout sous un enrobage a minima littéraire. Avoir une exigence sur le fond comme sur la forme.

- Oui enfin t'emballe pas, t'es blogueuse pas romancière, t'es peut être en colère mais t'es pas Virginie Despentes non plus. Je vais te calmer direct, t'as aucun talent... mais je te l'accorde tu te dépatouilles pas trop mal avec la petite centaine de mots que contient ton vocabulaire. 

- Salaud va! Je suis peut-être pas une artiste c'est vrai mais ça ne m'empêche pas d'avoir un minimum d'exigence. Or cette exigence se marrie mal avec mes contraintes de temps et mon rythme de vie.

- C'est à dire?

- Ben c'est à dire que j'ai deux enfants en bas âge, je travaille à temps plein voire plus car j'ai un investissement institutionnel qui va croissant avec une présence dans plusieurs commissions au sein de l'Epsm et pour couronner je déborde de projets pour 2016... Ainsi je débute un cursus à Paris en vue de l'obtention d'un Diplôme Universitaire. C'est une opportunité géniale mais qui là aussi va être chronophage au possible en raison du travail personnel important et du mémoire à rédiger. Alors si à ça on ajoute la possibilité que j'intègre courant 2016 la CUMP de mon établissement autant te dire que je suis overbooké! 

- On te plaindrait presque... Overbooké, non mais regarde-toi, pire qu'une cadre de santé, on dirait un administratif! Personne ne t'a imposé ça, tu fais tes choix, assume-les, merde!

- Oh arrête, tu questionnes, je réponds. Non je ne suis pas à plaindre, je t'explique seulement à quel point il m'est difficile de consacrer du temps à ce blog. La demie-journée qui m'est nécessaire pour rédiger un article est impossible à caser dans mon agenda.

- Merde il faut que tu tranches dans le vif! Soit tu fermes ce blog et je te rassure tout de suite, tu ne manqueras à personne, tu n'as rien d'unique et aussitôt morte tu seras remplacée par dix blogueurs plus talentueux que toi mais au moins ton aventure de blogueuse bien qu'éphémère t'auras apporté nombre de satisfactions.

- Soit?

- Soit tu t'accroches et tu essaies de combiner au mieux tous ces éléments que tu m'as cité. Le autres blogueurs aussi ont des vies, des enfants, un métier et des loisirs. Je te l'ai dit tu n'es pas unique et tu n'es pas exceptionnelle non plus. 

- Oui je sais et je ne suis pas non plus un flocon de neige, merci Tyler Durden, je connaîs! 

- Pourquoi te mettre des contraintes avec ce blog? Il est le fruit de ton imagination, tu en fait ce que tu veux. Tu n'as pas à publier 3 articles par semaines si tu n'y arrives pas. Un bon article de temps en temps c'est déjà pas si mal... Ne regardes pas le nombres de visiteurs sur ton site, ni le nombre d'abonnés sur ton twitter ou ton facebook, branle toi de cela! Tu n'es pas TF1, ton existence n'es pas liée à ton audimat! Je vais te le dire de façon plus simple!

- Je suis toute ouïe!

- Écris, écris, écris. Contente-toi de cela! Tu n'as pas fait ce blog pour te la jouer webmaster alors laisse tomber les statistiques de google analytics et retourne écrire. Il y a 6 mois, tu n'existais pas... au sens propre du terme! Et aujourd'hui, Suzie Q, non seulement tu es mais tu t'interroges, tu cherches le sens et là, c'est merveilleux, tu expérimentes l'angoisse alors franchement je trouve que c'est là une magnifique progression!

- Merci des conseils K2R, je vais y réfléchir...

- C'est tout vu Suzie Q! Mais attention la prochaine qu'un délire existentialiste s’abat sur toi, ne nous emmerde pas avec ton mal-être, on est tes lecteurs pas ton analyste, alors la prochaine fois et bien il te suffira d'arrêter de publier et on comprendra...

- Comprendre quoi?

- Que Suzie Q is dead...

- Alors on en est là, on en est au fameux write or die...





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